Et, quand elle pensait à moi… Elle se demandait souvent si j’étais célibataire moi aussi, ou bien si une femme partageait ma vie. Le cas échéant, elle sentait la jalousie et l’envie prendre possession d’elle. Cependant, il était difficile pour elle d’en savoir plus au regard de mes textes. Après tout, peut-être que les paroles ne reflétaient en fait pas la réalité, et que ça tenait plus de l’art et de la création en fin de compte. Elle, elle se savait sous mon charme. C’était indéniable.
J’ai trente ans. Je suis guide-conférencier de métier mais musicien à mes heures perdues. Je mesure un mètre soixante-dix. Je suis plutôt mince mais je déploie beaucoup de puissance, d’énergie et de vitesse-surtout quand je marche. Mes épaules se sont joliment développées à force de fréquenter les salles de sport. Mes cheveux châtains sont coupés courts. Aux yeux de la jolie rousse, mes yeux sont savoureux à regarder. Ils virent entre le vert et le marron. De plus, je porte des lunettes (même sur scène) et elle, elle estimait que ça me conférait un petit charme.
Elle aimait me regarder jouer, remuer les lèvres quand j’accompagnais la voix du chanteur du groupe. Ce sur quoi elle avait commencé à en pincer pour moi, c’était quand je fermais les yeux pour me concentrer sur la musique ou le chant. Ce dont elle rêvait, c’était de m’imaginer fermer les yeux quand on serait corps-à-corps, quand elle m’effeuillerait lentement, quand elle aurait ma queue dans la bouche et jouerait avec jusqu’à me faire jouir…
23 heures passées, et ses «munitions» préparées consciencieusement chez son amie Sarah, elle soutenait mon regard, et effectivement, elle m’avait pris au dépourvu. A vrai dire, elle s’y était attendu quand elle avait commencé à envisager une possibilité de venir backstage pour m’adresser la parole. Elle s’apprêtait me faire une «proposition»…
Tout était prêt dans la maison de son amie… Le décor romantique fait de bougies, de parfum, de lumière tamisée et de pétales de roses disposées avec amour sur le lit… Son iPod avec la playlist Love’n’Sex qu’elle avait spécialement concoctée pour nos futurs potentiels ébats…La lingerie qu’elle avait spécifiquement choisie pour moi: un soutien-gorge push-up de couleur bleu poudre en dentelle avec le tanga assorti, une nuisette rose bonbon qui découvrait un peu ses seins mais pas de manière vulgaire, son gloss goût cerise…
Elle n’avait rien laissé du tout au hasard. Elle se disait que j’avais beau être l’homme que j’étais, je n’en étais pas moins un mâle alpha malgré tout. Elle n’aurait pas trop de mal à me faire succomber. Juste avant de remuer les lèvres, un éclair d’incertitude et de doute lui effleura l’esprit: et si je restais de marbre une fois qu’elle m’ait fait sa «proposition» ? Et si tout simplement je refusais?
La belle jeune femme rousse continua de braquer ses yeux dans les miens. Sa détermination était inébranlable. Puis, elle reprit la parole, sans me laisser le temps de me remettre de l’ «uppercut» qu’elle venait de m’envoyer:
– Écoute, j’ai une amie ici, à Montpellier. Elle a un mec. Elle m’a proposée de la retrouver chez elle. Ça fait un bail que l’on ne s’est pas vues toutes les deux. Elle a sous-entendu qu’on s’amuserait bien. Oh… Je ne sais même pas encore pourquoi j’entre dans les détails… Benoit… Comment te dire… J’aimerais que tu viennes avec moi. Non… Ne dis rien! Connaissant les trois autres et ton roadie, je pense qu’ils sont partis pour un after-show de folie avec alcool(s) et groupies. Allez, s’il te plaît… Tu ne vas pas du tout t’ennuyer. Je t’en donne ma parole. Tu ne connais pas mon amie Sarah! Tu ne sais pas à quel point on rit et on s’amuse quand elle est dans les parages.
Vade retro Satanas, et un deuxième «uppercut» pour moi en l’espace en une poignée de minutes! Cette Laura n’avait donc pas froid aux yeux. La question était, pour moi, de savoir si j’avais envie de l’accompagner, un peu comme un cavalier de soirée en quelque sorte, à ces retrouvailles entre amies. Ah… Elle n’avait pas froid aux yeux, et… Ça me plaisait. Elle titillait mon attention et ma curiosité, et… J’aimais ça à vrai dire. Je n’avais pas l’habitude qu’une femme vienne ainsi au devant de moi. La dernière, c’était… Stéphanie?
Que devais-je répondre ? Quelle était la bonne réponse ?
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